
Vous n’en avez pas assez d’entendre parler des problèmes de la Coco! Et bien moi, si! Surtout que même si la Coco n’a pas aimé le Lesotho, mes bergers et moi, Kika, on a été subjugués par ce pays.
Alors aujourd’hui, nous allons la laisser garée dans le village de Sémonkong, à 2300m d’altitude, sous la protection du chef du quartier, et nous allons partir à pied arpenter le « Royaume dans le ciel ».

Quand je vois mes bergers partir avec leurs gros sacs sur le dos, j’ai envie de rigoler. Ils sont bien les seuls bergers à pied, et à porter leurs affaires! Ici, les sothos se déplacent à cheval, et les ânes portent les affaires! Quant à moi, je me sens bien ici, et pas besoin de sac, je n’ai qu’à baisser la tête pour me régaler de la bonne herbe de montagne. Je me sentirais presque à la maison!




On grimpe un peu pour atteindre un magnifique plateau, mes ânes de bergers tirent un peu la langue, auraient-ils perdu leurs habitudes de montagnards?

Arrivés sur le plateau, on patauge dans la boue, les sabots de tous s’enfoncent, Noam en perd même une savate! De quoi redonner le sourire à tout le monde…

En discutant avec mes collègues, je comprends qu’ici le cheval sert au transport, les vaches au travail des champs, et les moutons et les chèvres donnent la laine qui permet de faire les couvertures qui habillent les sothos, hiver comme été! Pour la viande, un mouton ou une chèvre de temps en temps, et du poulet le reste du temps!

Pendant que je papote, mes bergers rencontrent Moleleki, qui, enceinte sous le bras, s’en va voir si son champs de pommes de terre se porte bien. Ici on cultive aussi du maïs et des légumes, un peu plus bas des patates douces et du sorgho. Nous, ça nous fait sacrément plaisir de voir tous ces gens qui, depuis des centaines d’années vivent si haut, en arrivant malgré tout à produire leur nourriture, et fiers de leurs traditions.

Après un bon moment de repos devant une des cascades du coin, notre petite troupe se remet en route.


Les bergers n’ayant pas voulu s’éclabousser à boire dans la cascade, la soif les pousse à vouloir goûter la bière de sorgho local. Un drapeau blanc indique qu’ici on en fabrique, ce sera parfait! Une dame leur en sert une grande chope, de quoi étancher toutes les soifs! Mais devant l’incroyable odeur de vomi qui s’en échappe, la tête des grands bergers qui se décompose, le rire gagne tout le monde! Courageusement ils se passent et se repassent la chope, sous le regard de la patronne qui cherche à les convaincre que c’est bon pour la santé. Moi du sorgho volontiers, mais ce breuvage, jamais!





A la moitié de la chope, les bergers décrètent qu’en tant que parents responsables, il vaut mieux arrêter là, après tout il reste bien un peu d’eau au fond de la gourde! S’excusant auprès de la brasseuse, ils se remettent en route, encore plus joyeux de patauger dans la boue!
Nous retrouvons la Coco reposée, quelle belle journée nous avons passée!
Et moi je sais que même de retour dans mes montagnes, je garderai en mémoire ces paysages, ces troupeaux et ces gens incroyables, qui vivent tout en haut du Lesotho!